L'interview de Lauranne Van Naemen
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Lauranne Van Naemen, l'illustratrice qui manie le bic bleu mieux que personne
INTERVIEW PAR COLETTE - SEPTEMBRE 2022
Bonjour Lauranne ! Qui es-tu ?
Je suis née à Bruxelles dans une famille d’artistes, amoureux des livres et des sciences naturelles. Mes parents ont décelé très tôt chez moi un goût pour le dessin. C’est donc tout naturellement que je me suis dirigée vers des études artistiques. Avant même d’avoir mon diplôme d’illustration, j’ai commencé à publier mes dessins dans la presse. Tout s’est enchaîné
sans accrocs jusqu’à cette pandémie qui m’a rendu mon bâton de marche et poussé à explorer de nouveaux sentiers.
Et concrètement, que fais-tu ?
Après avoir travaillé pendant une dizaine d’années en tant que graphiste dans un magazine d’architecture, de design et de décoration, je suis revenue à ma première passion : l’illustration. Je partage actuellement mon temps entre des travaux de commande et des projets personnels que j’expose régulièrement à Bruxelles.
Pourquoi le Bic® ? Qu’est-ce que cela implique comme technique ?
J’aime la finesse et la pureté de ce langage. Dessiner au Bic© a quelque chose d’irréversible : ce qui est tracé est impossible à effacer. Dans un sens, cette pratique amène une réflexion intéressante dans mon processus créatif.
Il questionne notre capacité à accepter l’accident, la faute et à l’intégrer dans un nouvel espace esthétique. Mais je l’utilise également pour écrire. J’aime l’ambivalence de cet outil avec lequel je pose aussi des mots sur ce qui m’anime.
Combien de Bic® as-tu vidés pour l’œuvre de la box Colette ?
J’ai utilisé un Bic® Cristal pour le fond de l’œuvre et presque l’entièreté d’un deuxième pour représenter les différents éléments. Avec 1 Bic®, le fabricant estime qu’il est possible de dérouler deux kilomètres d’encre. Cela signifie que pour cette collaboration, j’ai parcouru près de quatre kilomètres sur ma feuille de papier !
Quel type de sujet dessines-tu en général ?
Qu’il s’agisse de végétaux, de bâtiments ou de présences humaines, ce sont avant tout des sensations ou des textures que je recherche. Les sujets dits «classiques» ne sont pas traités pour ce qu’ils sont mais bien pour leurs potentialités vibratoires que j’explore sur le papier. J’ai, par exemple, très envie de dessiner les huit planètes qui composent notre système solaire. Vous voyez l’idée ?
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Les collaborations, avec leurs thématiques et leurs échéances, me mettent parfois sur la piste d’un travail personnel. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé avec Colette, Haute Culture ! Je prépare en ce moment une nouvelle série de dessins qui devrait être présentée en décembre lors de l’expo-vente «Les Petits Formats» au Wolubilis.
Du coup, quelle est ton actualité en cette rentrée ?
À l’heure où j’écris ces lignes, mon actualité pour cette rentrée s’annonce relativement calme (rire). Plus sérieusement, je suis en contact avec une revue française pour l’illustration d’un article. J’ai rencontré également une jeune marque belge qui produit des boissons non alcoolisées et avec qui il serait question de créer une étiquette pour une édition limitée.
Parle-nous de tes projets passés ?
Ces derniers mois, j’ai réalisé un dessin pour un particulier, j’ai exposé une série d’illustrations à Art Truc Troc & Design et j'ai collaboré avec la brasserie Timmermans pour la création de l’étiquette de leur nouvelle bière à la cerise.
Quel·les sont tes 3 artistes préféré·es ?
Comme il est difficile de n’en citer que trois ! Pour sortir de «l’entre soi» qui me limiterait à parler de ceux qui utilisent la même technique que moi, je vais parler de ce que j’ai vu récemment et donc, des dessins monumentaux au crayon d’Amélie Scotta. L’artiste revendique une lenteur salvatrice dans l’exécution de sa tâche, à l’opposé du rythme effréné que l’on nous impose parfois. Il y a aussi le travail fictionnel et narratif du peintre Gauthier Hubert. Au Botanique, j’y ai admiré une série de portraits qui boulverse notre représentation de la beauté, de la laideur en y associant des titres ironiques. Impossible de ne pas évoquer aussi l’artiste Rinus Van de Velde et ses voyages immobiles !
Quelles sont tes influences et inspirations ?
Ma pratique du dessin se nourrit de mon amour pour la montagne et les espaces naturels. Ces paysages minéraux m’enseignent la beauté du vide, la pureté de la ligne, l’intensité de la couleur.
Au quotidien, je suis traversée par la magie de tout ce qui m’entoure.
Le dégradé d’un ciel, l’éclosion d’une fleur, le slalom d’un skateur, je m’émerveille sans cesse devant ce spectacle continu qu’est la Vie.
Est-ce qu’on peut acheter tes œuvres ? Comment faire ?
Oui ! En plus de répondre occasionnellement à des commandes pour des particuliers, je propose un tirage en édition limitée et numérotée de mes dessins. N’hésitez pas à me contacter par mail !
Quel est ton lieu culturel préféré à Bruxelles ?
La Villa Empain me plaît depuis longtemps pour la beauté de son architecture Art déco mais aussi pour sa programmation foisonnante et ses activités originales. Je me souviens tout particulièrement de l’installation «A walk in my shoes» de Clare Patey. Les visiteurs étaient invités à enfiler une paire de chaussures et à découvrir une histoire audio qui explore notre humanité commune. C’était très
émouvant !
Et finalement, comment peut-on te contacter ?
Il est possible de me contacter via mon compte Instagram professionnel @laurannevannaemen ou via mon site internet : laurannevannaemen.com.
Et pour voir la box aux couleurs de Lauranne, c'est par ici que ça se passe !